1. Introduction
1.1. Origine :
Originaire d'Asie tropicale, certaines variétés sauvages proches se rencontrant au Nord de l'Inde et jusque sur les contreforts de l'Himalaya. Il aurait été domestiqué en Chine vers -5 000 av. JC, et rapidement diffusé en Inde, en Egypte, puis en Palestine et dans l'empire romain. Dès l'Antiquité, il a été cultivé tant pour ses qualités alimentaires (légume rafraîchissant d'été du fait de sa forte teneur en eau) que pharmaceutiques et cosmétiques. Introduit en France au 9è siècle, le concombre était déjà largement répandu au 12ème siècle.
1.2. Particularités
1.2.1. Type de plante
Plante herbacée annuelle, très polymorphe et à croissance très rapide. Tiges rampantes et rameuses, pouvant atteindre plusieurs mètres de long.
1.2.2. Racines
Enracinement superficiel et fasciculé
1.2.3. Fruit
Fruit charnu long vert avant maturité et jaunissant à maturité
1.2.4. Repères de culture
- Facultés germinatives
10 ans
- Levée
4 à 6 jours
- Nb de graines / gramme
35 - 50
- Peuplement
1,2 à 1,6 plant par m2, soit environ 120-150 cm entre rangs et 60-70 cm sur le rang
2. Les besoins
2.1. Climat
Le concombre est une plante exigeante en chaleur et en eau, craignant les climats froids et les gelées. De ce fait, le concombre est en grande partie cultivé sous abri.
2.2. Températures
Gèle à O°C. De manière générale, il faut éviter les variations brutales de températures et respecter la moyenne journalière (20 à 21°C). Au démarrage, pour favoriser l'implantation de la culture, on peut viser des températures plus faibles, autour de 16-17 °C. Ensuite l'initiation de la floraison est favorisée par une amplitude thermique importante entre le jour et la nuit.
2.3. Eau
Exigeant
2.4. Sol
Le concombre apprécie les sols légers et drainants, les sols limoneux et profonds, riches en matière organique. Le pH doit idéalement être compris entre 5,5 et 7. Il faut éviter les sols argileux ou tassés, asphyxiants.
3. La culture
3.1. Rotation
Le concombre est une culture à placer en tête de rotation. Il ne doit pas revenir sur la même parcelle avant deux ans, l'idéal étant de respecter un intervalle de quatre ans.
Les Alliacées, les céréales, le maïs ou les engrais verts constituent un bon précédent. En revanche il faut éviter d'avoir d'autres Cucurbitacées comme précédent, ainsi que des Solanacées.
3.2. Choix des variétés
On distingue trois groupes de variétés :
• Les concombres épineux, plutôt représentatifs des variétés anciennes
• Les concombres de type hollandais, qui correspondent aux nouvelles variétés, chez lesquelles l'accent est mis sur la longueur du fruit, le caractère lisse et brillant de l'épiderme
• Les cornichons, variétés dont le fruit est récolté bien avant d'atteindre la maturité.
3.3. Cycle de culture
3.4. Semis et production de plants
L’achat de plants est le plus souvent pratiqué.
Les graines de concombre ont une durée germinative de huit à dix ans. On compte environ 35 à 40 graines par gramme.
Plusieurs itinéraires techniques sont possibles:
• Pour l'élevage des plants à la ferme : après une pré-germination sur coton hydrophile, les graines sont mises en pépinière en terrine, à raison de 400 à 500 graines par m² (sous un voile P17 pour les semis précoces). Les plants sont ensuite repiqués en mottes de 7 x 7, 8 x 8 ou 10 x 10 au stade « cotylédons étalés ».
• Le semis peut être réalisé en bouchons (plaques alvéolées) et les plants sont ensuite repiqués en mottes au même stade que précédemment. Certains maraîchers sèment directement en mottes de 7 x 7.
• Enfin, pour les implantations plus tardives (à partir de mai), le semis peut être direct.
La température ambiante au moment du semis doit être de 25°C (avec une température du substrat de 18-20°C). Dans ces conditions la levée a lieu en quatre ou cinq jours. Il faut veiller à ce que l'eau d'arrosage ait une température d'au moins 12°C. Pendant la durée d'élevage, l'hygrométrie doit être comprise entre 60 et 80%, avec la possibilité de réaliser des bassinages.
La plantation aura lieu au stade « trois feuilles » la température ambiante doit alors être proche de 21°C (avec une température au sol de 18-19°C).
3.5. Fertilisation
La fertilisation devra être modulée en fonction de la richesse initiale du sol en chacun de ces éléments. Le concombre valorisant bien les apports en matière organique, il sera judicieux d'apporter un amendement organique avant la plantation.
La fertilisation peut se résumer à 15 à 20 t/ha de fumier composté, avec un complément de potasse apporté par de la vinasse ou du patentkali.
3.6. Sol
Craignant le tassement : il faut chercher à obtenir un sol aéré et bien drainé, avec une structure grossière en profondeur et affinée en surface. Sur un sol lourd, on peut réaliser un sous-solage, suivi d'un passage d'un outil à dents (canadien, cultivateur) ou de machine à bêcher. En dernier lieu, la herse rotative permet d'obtenir un bon état de surface. Attention toutefois de ne pas trop affiner la surface en sols limoneux (risque de battance accru).
3.7. Plantation
Paillage avec des bâches plastiques ou biodégradables pour limiter le travail de désherbage. Posées avant la plantation, ainsi que les gaines d'arrosage micro-perforées.
La densité de plantation est comprise entre 1,2 et 1,6 plant par m2.
Pour un tunnel de huit mètres de large, on peut avoir deux doubles rangs centraux et deux simples rangs latéraux, avec un écartement d'environ 50 cm entre les pieds (planter en quinconce).
Température du sol souhaitée entre 16-17°C à la mise en place des mottes afin d'obtenir un bon enracinement.
Si la température de sol est trop basse :
• Limite le développement racinaire
• Favorise les attaques de champignons pathogènes comme les Pythium.
Réaliser un plein hydrique du sol juste avant la plantation et tremper les mottes dans l'eau pour qu'elles soient bien humides.
Plantation et manipulation avec précautions et motte légèrement enterrées de manière à limiter le risque de pourriture du collet.
La ficelle de tuteurage est placée sous la motte si elle est non biodégradable tandis que si on utilise une ficelle biodégradable elle ne doit pas être enterrée pour éviter sa dégradation rapide, et doit être fixée avec un clip ou nouée sur la tige sous la première feuille.
Il faut faire attention aux gelées sur les plantations précoces et ne pas hésiter à prévoir une protection (type voile de forçage).
3.8. Irrigation
Les besoins en eau sont importants, surtout au moment de la formation du fruit. La production de 20 kg de fruits nécessite 500 à 600 kg d'eau (répartis sur quatre mois de culture, soit en moyenne deux litres par jour et par plante). Ces besoins évoluent néanmoins au cours du cycle de la plante :
• De la plantation au début de la floraison, ils représentent 45% de l'ETP
• De la floraison au début de la récolte, ils représentent 90% de l'ETP
• Durant toute la récolte, ils atteignent 100% de l'ETP.
Si la plante manque d'eau, sa couleur fonce et sa tête peut faner. En revanche, si l'eau est en excès, le risque de nécroses apicales augmente, la plante devient trop végétative et les fruits peuvent être déformés. De l'irrigation dépend également la disponibilité en de nombreux éléments minéraux.
Les apports en eau doivent être adaptés à l'ensoleillement et à la température sous l'abri. Il faut, dans la mesure du possible, synchroniser les arrosages avec la demande transpiratoire des plantes, pour éviter les excès de sève et les maladies qui en découlent, occasionnant notamment des fruits déformés.
Dans l'idéal, il faudrait fractionner les arrosages (deux à quatre fois par semaine) et éviter d'arroser tôt le matin car la pression racinaire fragilise les tiges. Dans un premier temps, placer le goutteur à proximité du collet, puis l'en éloigner pour forcer la plante à développer son système racinaire.
En cas de forte chaleur, réaliser des bassinages (aspersions de courte durée) qui augmentent l'hygrométrie sur une courte période et abaissent la température par vaporisation de l'eau. En période chaude et sèche, des aspersions plus conséquentes pourront être réalisées afin d'humidifier le sol au niveau des passe-pieds : cela aura un effet plus durable que des bassinages. Dans tous les cas, il ne faut pas réaliser d'aspersion sur des plantes trop chaudes car cela risque d'augmenter le phénomène de flétrissement et de provoquer des gerçures de l'épiderme des fruits à l'approche de la récolte.
Les excès d'arrosage peuvent conduire au développement de maladies fongiques comme le mildiou et le botrytis, particulièrement dans les régions humides, et doivent donc être évités.
Par journée fortement ventée, on gagnera à fermer le côté exposé pour limiter les pertes d'humidité et éviter des blessures sur les fruits.
3.9. Entretien de culture
Sous tunnel, un palissage des plants est possible avec des ficelles verticales fixées en bas par un clip ou dans la terre, et en haut sur les barres horizontales de renfort du tunnel. Le plant colonise alors mieux l'espace, tout en recevant plus de lumière ce qui améliore le rendement et facilite les récoltes. On palisse par enroulage de la tige autour de la ficelle. Lorsque la tige atteint les supports de culture, il faut la passer par-dessus ceux-ci, puis la faire redescendre de l'autre côté. Généralement on laisse ensuite deux départs d'axillaires pour la descente, et on arrête la tête 70 cm après le support de culture.
Le palissage doit se faire deux fois par semaine et il faut enlever les bourgeons secondaires, les vrilles et les fruits en excédent, et ne conserver qu'un fruit par aisselle de feuille.
4. Protection et soin des plants et des fruits
4.1. Maladies
- Dépérissement racinaire (Phomopsis)
- Fusariose des racines (Fusarium oxysporum f. sp. Radicis-cucumerinum
- Pourriture du collet (Pythium)
- Anthracnose (Coledotrichum lagenarium)
- Oïdium (Erysiphe cochoraceum et Sphaerotheca fulliginea)
- Cladosporium (cladosporium cucumérinum)
- Botrytis (Botrytis cinerea)
- Mildiou (Pseudoperonospora cubensis)
- Pourriture noire (Didymella)
- Sclérotinia
- Bactériose pseudomonas
- CMV virus de la mosaïque du concombre.
4.2. Ravageurs
- Nématodes à galles (Meloidogyne)
- Pucerons (Aphis Gossypii)
- Noctuelle
- Acariens tétranyques (Tétranichus urticae
- Aleurode
- Mouche Mineuse
- Thrips
5. Récolte et conservation
Pour le type hollandais long et lisse, les fruits doivent atteindre un poids de 400 à 500 grammes. Pour les autres types, le poids à atteindre est de 350 à 450 grammes.
Récolte tout les deux à trois jours, parfois quotidiennement à certaines périodes.
Les concombres sont rangés par 12 dans des caisses de 50 x 30 cm.
Le fruit doit être propre, non déformé, rectiligne et ferme.
Stockage en chambre froide (température idéale : 12 à 15°C) entre un et trois jours.
6. Bibliographie
Titre : Guide technique Tome 2
Auteurs : ITAB
Titre : Maraichage biologique
Auteurs : Joseph ARGOUARC'H; Valérie LECOMTE; Jean-Marie MORIN